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Manifestations & Conséquences
Manifestations

          L’hypersexualisation d’un enfant se manifeste d’abord à travers son apparence qui devient ainsi l’élément essentiel de sa construction sociale. La jeune fille se base alors sur elle pour ressembler aux canons de beauté hypersexualisés qu’on tente de lui imposer. Elle va donc entreprendre plusieurs stratégies pour leur correspondre et ainsi s’hypersexualiser à son tour. Cette hypersexualisation chez la fille va ainsi se présenter sous plusieurs aspects.            

           Tout d’abord il y a l’importance de la tenue vestimentaire. Les marques fournissent ainsi aux jeunes filles tout se dont elles ont besoin pour atteindre leurs modèles. Elles achètent alors décolletés et autres jeans tailles basses pour dévoiler à chaque fois un peu plus de leurs corps. En plus de le dévoiler les jeunes filles vont en cacher certaines parties et en accentuer d’autres grâce au maquillage et autres accessoires.  Parmi ceux-ci on trouve des soutiens gorge rembourrés, des correcteurs maquillant ou autres colorations pour cheveux spéciales petites filles. Ces éléments sont donc hypersexualisant dans le sens où ils sont utilisés dans un but de plaire et séduire qui n’est pas de leur âge.

Photos du magazine Vogue. 

Ces photos ont fait polémique puisqu'on y voit clairement des petites filles transformées en objet de désir, maquillées et habillées telles des femmes.

             Après le style vestimentaire, c’est le corps qui est directement touché. Les filles vont en effet avoir recours à plusieurs stratégies pour modifier leur aspect physique allant du régime à la chirurgie esthétique. On assiste ainsi à de nombreux magazines pour pré-ados proposant des régimes soi disant adaptés à leurs lectrices.

        L’hypersexualisation se présente ensuite jusque dans leur attitude. En effet les filles vont adopter des positions exagérées inspirées de celles adoptées par les starlettes qu’elles adorent. Les petites filles vont commencer alors à se pavaner en bombant le torse ou en faisant des moues incitantes auprès des garçons. Malheureusement l’hypersexualisation peut se manifester parfois à l’extrême avec l’apparition de réels comportements sexuels inappropriés. Notons tout de même la rareté de ce phénomène très grave.

            Certaines activités témoignent directement de ce phénomène. En effet il existe aujourd’hui des concours de beauté pour fillettes où celles-ci se retrouvent maquillées à se trémousser en talons sur scène . Ces derniers sont très présents aux États-Unis et font toujours fureur. Sur internet les choses empirent, à cause de la démocratisation de son accès les filles y ont accès très jeunes. Les concours de beauté s’y retrouvent alors sous de nouvelles formes. Les petites filles publient des vidéos d’elles se maquillant ou se pavanant devant la caméra. Des filles de 10 ans tiennent parfois même leur propre chaîne youtube de maquillage. Les réseaux sociaux deviennent alors un terrain de jeu dangereux où défilent les vidéos de ces enfants cherchant déjà à être les plus belles.

 

Petites filles participant au Don't Judge Challenge.

Ce "challenge" consistait à l'origine de dénoncer l'utilisation abusive de maquillage et de promouvoir ainsi la beauté naturelle. Il a été complétement détourné et son but originel perverti. Le challenge a alors fait le buzz et on retrouve des gamines se trémoussant maquillées et habillées telles des adultes

 

Concours de mini-miss à Bobigny en 2012

(Source: Libération)

Conséquences

            L’hypersexualisation est un phénomène dangereux aussi bien du point de vue individuel que collectif. Intéressons nous en premier lieu aux conséquences sur l’individu.

 

            Les enfants sont des êtres extrêmement influençables, ils n’arrivent pas à faire la part des choses et se laissent facilement impressionnés. La période la plus instable est celle située entre l’enfance et l’adolescence. On la prénomme « période de latence ». L’impact de l’hypersexualisation sur celle-ci est donc très important. Les conséquences sont multiples. En effet la petite fille va d’abord être touchée affectivement à différents degrés. Les plus jeunes vont ainsi développer parfois des troubles autistiques tandis que d’autres plus âgées vont être perturbées dans leur vie sexuelle et amoureuse future. La jeune fille hypersexualisée étant constamment exposée à des images de corps « parfaits », elle va s’angoisser à l’idée de ne pas leur ressembler. Cette angoisse va développer chez elle d’autres troubles psychologiques. Tout d’abord se développe un dégoût de soi qui entraine par la suite une forte baisse de confiance pouvant aller jusqu’à la dépression. Cette constante focalisation sur l’apparence entraine même une baisse sensible de l’acuité mentale et donc une chute de résultats scolaires. Cette honte de soi-même donne envie aux filles de changer d’apparence, de corps. Comme nous l’avons étudié précédemment elles utilisent différents moyens dont certains très dangereux. En effet elles vont vouloir suivre des régimes de plus en plus stricts développant alors des troubles alimentaires importants comme l’anorexie. D’ailleurs selon une étude* près de 10% des petites filles de 8 à 9 ans ont déjà suivi un régime. Ce chiffre va en s’aggravant avec le passage au collège où 15 à 20% des jeunes filles présentent des troubles alimentaires. Actuellement on constate une forte augmentation de ceux-ci chez les pré-pubères. Plus grave encore les jeunes filles se retrouvent plus fragiles aux abus sexuels. L’image de femme-objet qui leur est constamment renvoyée les entraine dans une idée de soumission à l’homme qui les rend plus fragiles aux violences. Pour finir cela peut encore aller jusqu’à l’extrême, les filles peuvent effectivement développer une activité sexuelle précoce. Etre confronté au monde des adultes trop tôt est dangereux pour ces jeunes filles qui voient leur enfance s’envoler trop vite. Cette confrontation peut se faire avec des images pornographiques mais aussi avec des abus sexuels pédophiles. Les barrières intergénérationnelles se floutent alors et on assiste à des pratiques sexuelles chez les préadolescentes.

 

            Intéressons nous dès à présent aux conséquences au niveau collectif. En effet l’hypersexualisation est un phénomène qui touche la société jusque dans ses valeurs. Comme nous avons pu le constater précédemment, le stéréotype de la femme objet constamment diffusé par les médias s’ancre dans l’esprit de la jeune fille comme un modèle à suivre. Cette idée reçue en plus d’être dangereuse pour la jeune fille, met en péril de nombreuses valeurs égalitaires. Les jeunes filles vont en effet commencer à penser que la femme a uniquement un rôle de séduction, qu’elle se doit d’être belle et attirante à chaque instant. Et tout cela pour plaire à la gente masculine. Il y a ainsi une régression des principes d’égalité des genres dans leurs esprits. Ces idées reçues étant aussi renvoyées aux garçons le problème est encore plus grand. Les relations amoureuses futures qu’ils auront seront polluées par ces images de femme objet et d’homme dominateur. Leurs relations peuvent aussi être touchées par un fort sexisme et machisme eux aussi véhiculés par les médias. Ce retour aux stéréotypes fait donc repasser la société à un fonctionnement machiste, où l’apparence compte plus que l’intelligence. Le « paraître » avant « l’être ». L’hypersexualisation a donc un fort impact sur les relations et sur la pensée commune au point de faire régresser les avancées féministes. De plus notons que ces idées reçues influent sur les agressions sexuelles. Garçons et filles sont en effet confortés dans l’idée d’une femme objet. Les filles se laissent donc plus facilement soumettre puisque c’est l’image que la pornographie véhicule chaque jour dans les pubs, magazines et clips. Les agressions sexuelles sont peu fréquentes entre les jeunes mais les agressions verbales elles, sont bien présentes.

 

             Les conséquences de l’hypersexualisation sont donc importantes aussi bien au niveau personnel qu’au niveau global. C’est un danger pour l’émancipation des jeunes filles mais aussi pour celle de la femme en général.

 

*Étude du docteur Baltzer extraite du livre de Richard Poulin, Sexualisation précoce et pornographie.

 

 

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