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Présentation du phénomène

Les origines de l'hypersexualisation

         Tout d’abord, l’hypersexualisation ne possède pas de définition claire, c’est un phénomène difficile à déterminer. La psychologue québécoise Sylvie Richard Bessert a donné une définition qui semble convaincre les spécialistes, elle la décrit comme “ l’usage excessif de stratégies axées sur le corps dans le but de séduire ”. Plusieurs notions se chevauchent comme l’érotisation de la société, la sexualité précoce ou le sexisme. Elles forment ensemble l’hypersexualisation des jeunes filles, nous incluons les filles de 8 à 12 ans voire un peu plus agées. Une société où le sexe est omniprésent et où les filles sont confrontées à la sexualité durant la période de latence. Ce stade psychologique débute à 7-8 ans, il représente une période où l’enfant est normalement moins soumis aux pulsions sexuelles.  Elle permet de découvrir son corps sans encore s’en préoccuper comme lors de l’adolescence. En écourtant cette étape du développement, l’enfant est bousculé dans son intimité. Sa confiance en lui demeure incomplète et donc trop fragile pour affronter les critères de beauté imposés. Amputer cette période entraîne des dégâts psychologiques irréversibles dans 80% des cas.

Photographie extraite du site L'Obs. Parce que l'innocence est plus sexy que vous ne le pensez

           Par ailleurs cette hypersexualisation est également une mutation de l’émancipation de la femme. En libérant les moyens de contraception une séparation se fit entre la reproduction et l’acte sexuel puis de l’acte sexuel et des relations amoureuses. Le sexe devient un “bien de consommation”. Loin de profiter à l’image de la femme, sa sexualité est encore plus mise en avant, un cliché se forme, celui de la femme-objet. Une femme dont l’homme ne verrait que l’utilité sexuelle, “une personne réduite, évaluée, considérée, traitée comme un simple corps par autrui.”. Si toutes les femmes ne deviennent pas “femme-objet” cette image est devenue un business. La femme est devenue un standard sur lequel s’appuient les médias et la publicité. La société érotisée entretient le culte d'un idéal de beauté unique. Les jeunes filles, très influencées par ces images prennent alors ces critères de féminité pour réalité. Toutes les jeunes filles ne deviennent pas hypersexualisées comme nous le verrons plus tard, il s’agit d’un état d’esprit qui s’ancre en elles, donnant de plus en plus de cas extrêmes. L’hypersexualisation a d’ailleurs toujours existé mais elle ne concernait que les femmes. La différence est que depuis le XXIème siècle les petites filles sont également touchées.

Cette publicité est extraite du site Notachocolatecake dénonçant la diffusion d'une image de la femme misogyne. Ici se présente une tout autre représentation de la femme-objet dans la publicité, beaucoup plus subtile le modèle n'étant pas hypersexualisé. La femme est confondue avec la voiture, le slogan de la pub parle de Giuiletta "faite de la même matière que les rêves". Fait-il référence à la femme présente en arrière plan ou à la voiture ? Ce flou montre que la femme est mise au même rang que la voiture.

Photographie prise dans le journal The Yelll !!!. La première télécommande jamais inventée. Dans cette publicité la femme ouvre ses cuisses, symbole de consentement sexuel, lorsque l'homme en face d'elle lui offre une bague. Cette publicité diffuse l'idée de la femme objet en montrant que l'on peut contrôler le désir sexuelle de la femme grâce à un produit.

         La sociologie définit l’enfance comme une période fondamentale pour l’individu, une base sur laquelle s'appuyer tout au long de sa vie. C'est la socialisation primaire. Lors de celle-ci la famille, l’école et les amis sont les acteurs principaux. Nous verrons que les médias mettent également sous pression les jeunes filles. L'hypersexualisation vient en effet d'une socialisation primaire ratée.

 

         La famille est l’acteur principal du développement de l’enfant. Selon sa classe sociale et sa culture celle-ci ne donnera pas la même éducation à sa fille, influant ainsi sur sa future sexualité. La mère tient ainsi une place à part dans celle-ci étant un modèle à suivre pour sa fille. Les concours de beauté organisée par les mères sont une preuve de cette influence. Ces concours sont souvent l’instrument d’un désir narcissique de la mère, de reconnaissance ou de beauté. Ce narcissisme est un facteur récurrent dans l’hypersexualisation. La petite fille, afin de plaire à sa maman, entre dans son univers et adopte des attitudes sexualisées souvent maladroites en raison de l’immaturité de son âge. Les abus sexuels durant l'enfance sont d'autres cas extrêmes pouvant déboucher sur l'hypersexualisation. Dans les deux cas, l’enfant se retrouve émotionnellement en désaccord avec la situation et son développement en est affecté. Cependant cela ne va pas toujours pas toujours aussi loin.

 

         Alors qu'auparant les jeunes filles rêvaient d'amour romanesque, cherchaient à aimer, elles courent à présent après un modèle de séduction, le paraître avant l'être. Il faut de plus en plus jeune penser à séduire par la tenue, les intérêts et les comportements. Sortir avec quelqu’un rend populaire. La reconnaissance de ses pairs n'est pas un phénomène nouveau mais "être populaire" est une expression récente. À partir de la préadolescence l’enfant suit les modes pour faire partie du groupe, il se trouve que la mode dans notre société est au sexy et à la séduction. Certains décrivent d’ailleurs l’hypersexualisation d’une société comme l’utilisation inappropriée et abusive du sexe. La génération dite Z, incluant les naissances fin années 90, a toujours baigné dans ce climat sexualisé et ne peut prendre de recul. L’école est un acteur fondamental grâce à sa neutralité, elle doit enseigner le sens critique pour ne pas suivre les modes sans réfléchir.

       

          L'hypersexualisation s’inscrit dans la société de consommation où le marketing et les médias contrôlent les images. De plus, elle est indissociable de la banalisation de la pornographie.

Diffusion de l'hypersexualisation par la société

           Tous les médias sont des vecteurs de diffusion de l'image stéréotypée de la femme car ils sont les transmetteurs de la culture contemporaine. En plus de cela ils ont même tendance à s’imposer et à montrer une idée fixe de la société ne privilégiant pas ainsi le développement personnel. Cela n'est pas négligeable d'autant plus que la télévision a pris une place très importante dans le vie de l’enfant. Les stars qui y font leur apparition deviennent des modèles pour les petites filles et adolescentes attirées par la popularité et la beauté, synonymes d’épanouissement pour elles. Ces stars provoquent l’admiration grâce à la confiance qu’elles arborent. Ces mêmes idoles véhiculent l’image de femme-objet à travers des paroles de chansons parfois dégradantes ou à travers des danses provocantes et sexy devant des hommes, rendant ce comportenement anodin. Elles diffusent une image très réductrice et caricaturale de la femme, réduite à une fonction de séduction et de faire-valoir des hommes. La télé-réalité est née en même temps que ce phénomène d’hypersexualisation. Elle développe de nouveaux codes de séduction basés sur l’apparence, où il parait évident que l’homme n’ait pas à séduire la femme mais que ce soit son rôle à elle. Par ailleurs, côté presse, les magazines « girly » proposent aux jeunes filles de ressembler à ces mêmes idoles en les poussant au mimétisme de leurs attitudes, styles de vie ou look vestimentaire. 

 

 

      Finalement Internet est le média le plus dangereux pour ces petites filles. Ce n'est pas pour rien que le phénomène d'hypersexualisation est apparu en même temps que sa démocratisation, il a une part de responsabilité énorme. Sur Internet, les publicités hypersexualisant la femme sont partout, les stars sont toujours aussi présentes, les clips sont disponibles à tout moment, il y a des blogs beauté, des chaînes youtube d'adolescentes et bien sûr la pornographie. Cette dernière ne touche pas vraiment directement les petites filles mais ce qui est dangereux c'est sa banalisation à laquelle on assiste sur internet mais aussi dans de nombreuses publicités. Or la pornographie véhicule des images sexistes et dominatrices, elle creuse les inégalités entre hommes et femmes. Il est donc dangereux de reproduire ces codes dans la publicité exposé aux yeux de tous et donc des enfants. Elle pourrait en effet s'insérer dans leurs esprits comme un modèle à suivre pour leurs relations futures.

 

           En outre, nous remarquons actuellement la sexualisation précoce dans la vie de tous les jours. Les instituts de soin et beauté font face a une clientèle de plus en plus jeune, les marques de vêtement créent des lignes de lingerie pour enfant etc. Si ces marchés se développent c'est parce que les parents achètent ces produits pour leur fille, les mères s’amusent de voir leur fille devenir “une petite femme”, des mini elles même. 


           Les marques en tirent avantage et créent des besoins comme des brassières pour enfant de 4 ans, des string et des soutiens-gorge rembourrés à partir de 10 ans... Tous ces produits sont inutiles à cet âge où la nature n’a pas encore fait son ouvrage. Dans cette même optique de création, une nouvelle catégorie a été inventée ces dernières années, celle des “tweens” désignant les préadolescentes. On peut l’illustrer par cet exemple, lorsque la femme a un rouge à lèvres, l’adolescente du gloss, la tween achète un gloss fruité. Il y a peu de temps une marque de luxe a même utilisé des mannequins d’une dizaine d’années posant de la même manière que leurs aînées. Au delà des vêtements, les jouets ont également changé. Les poupées au corps d’adolescentes ou de femmes se trouvent féminisés à l’extrême. Le maquillage, les coloriages et carnets à dessin “mode” sont très présents aujourd'hui. Tous ces nouveaux produits n'échappent pas a l'hypersexualisation et sont loin des modèles classiques des princesses Disney. De nos jours place aux personnalités pulpeuses, séduisantes et aux vêtements raccourcis comme les populaires Monster High. Tout cela déteint sur les enfants et leur préoccupations. 

Miley Cyrus est une bonne représentation de l'hypersexualisation en effet ce problème la suit depuis ses débuts à la télévision. Elle joua de nombreuses années durant sa pré adolescence dans une célèbre série appelée Hannah Montana. Ce personnage est un exemple type de la "tween". Durant cette période l'actrice-chanteuse dû correspondre coûte que coûte aux standards de beauté et tomba dans l'anorexie. Après une période de remise en forme elle est revenue sur le devant de la scène il y a quelques années. Jeune femme sûre d'elle, elle se montre dénudée dans ces clips comme nous pouvons le voir dans Wrecking Ball (ci-dessus) et provocatrice dans les médias. Elle devient finalement à son tour une de ces stars qui influent les petites filles les menant elles aussi à  l'hypersexualisation.

Personnages Monster High, produits dérivées en coloriage, dessin animé, poupées etc. Photographie empruntée au site Le monde de Monster High.

 

Produits de la marque GéoGirl. Maquillage visé pour les "tweens".

Exemple de magazine pour pré-adolescente. Les articles tournent autour de l'apparence et de la séduction...

Baby one more time - Britney Spears

S&M - Rihanna

Voici deux exemples de stars idôlatrées des jeunes pré-ados: Britney Spears et Rihanna. Conscientes de leur jeune public les jeunes femmes passent quand même des images de femme-objet dans leurs clips.

Britney Spears choisit l'image d'une adolescente juvénile et pourtant très sexy qui s'ennuie en cours et préfère penser à ses relations amoureuses. 

Rihanna quant à elle expose un clip complétement pornographique, les codes du sado-masochisme sont tous présents et la chanteuse se fait clairement maltraiter par des hommes. Elle se retrouve emballée, exposée aux yeux de tous tel un objet beau à regarder...

 

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